Ma vie en 3 temps, les 3 ateliers. C'est un besoin vital de connaissance et d'acceptation de moi-même qui me pousse depuis toujours à créer comme je le fais. Une force viscérale sensible qui me fait créer pour survivre. À mon sens, c'est de survie dont il est question lorsque j'aborde les concepts de nature, de transformation, de transcendance et de quête de vérité personnelle, mais aussi et surtout, de sensibilité, car tout part de là. Première partie: Toute jeune, ma sensibilité d'artiste s'exprimait déjà de bien des manières. La vie étant ce qu'elle est, cette sensibilité, m'aura joué des tours et fait prendre des tournants faisant place à bien des tourments. Les locaux d'arts plastiques de la polyvalente ont été des lieux où il était encore possible pour moi de m'exprimer, alors dénuée de tous mes mots par tous mes maux. C'est alors, dans l'art que j'ai trouvé les premières réponses à toutes ces questions que je me posais et c'est en créant que j'ai commencé à prendre conscience de qui j'étais vraiment. Curieuse, j'ai appris à découvrir le monde à travers les voyages, les rencontres, mais aussi au travers ses travers. Ce que je croyais être de la marginalité était en fait de la singularité dont je ne pourrais découvrir les couleurs, formes et textures que part la création artistique et surtout par l'acceptation de ma sensibilité et ma vulnérabilité. Enchaînant les expériences de vie qui me rendraient un jour plus forte, tout en faisant des études collégiales en arts plastiques par intermittence au Cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu, j'ai eu la chance de saisir de belles opportunités et de faire de belles rencontres qui m'ont permis de trouver ma voix en tant qu'artiste. Après avoir eu la chance d'être engagée à contrat en tant que sculpteur à la réalisation des décors sur une grosse production cinématographique, j’ai fait la rencontre de Victor, un excellent soudeur de métier à la retraite, qui accepta de partager généreusement tout son savoir et sa passion avec moi. Cette époque fut déterminante puisqu'elle me permit de réaliser ma première sculpture de métal ( Force tranquille, 2007) hors du cadre scolaire et éclaira la voix que je déciderais d'emprunter pour plusieurs années. Deuxième partie: Pas facile la vie d'artiste quand il veut changer le monde, mais que l'monde ne veut pas changer! Bien entendu on ne s'invente pas artiste, car pour en vivre un jour, il faut d'abord accepter de crever la dalle et d'en suer! Oh que oui! J'ai alors dû faire des petits boulots de grande manière, et de beaux projets artistiques toujours très éphémères. Altruiste sensible, philosophe, amoureuse de la nature, avec un sens de l'humour bien aiguisé et le coeur sur la main, j'ai toujours crier haut et fort à l'injustice que ce soit en aidant mon prochain, en créant des oeuvres aux messages forts ou plus directement dans mes propos puisque oui, après un long travail, j'ai retrouvé le contrôle de mes cordes vocales! Et puis un jour la vie m'a amené à tout quitter, à partir pour mieux revenir, dit-on? Cet autre tournant reflétait parfaitement mon rapport global au monde à ce moment et l'espace que j'avais besoin de créer autour de moi pour me retrouver. Cet espace de sérénitude je l'ai retrouvé au fin fond de la nature qui était pour moi mon, à l'autre bout du monde. Cette communion avec sa beauté et son immensité, loin de toute source de contamination de mes pensées et des bruits aliénants, me permis alors de me poser. Je puisais alors directement de la nature, la matière avec laquelle je créais chaque jour. Le contact direct avec cette matière pleine d'énergies pures m'a alors transformé autant aux niveaux spirituel, psychique et de ma santé physique à plusieurs égards. Depuis toute petite on m'avait appris à apprécier être dans la nature et à la respecter surtout, mais à partir de ce jour je savais que j'avais besoin d'elle pour survivre. Depuis lors ma pratique artistique est influencée par cette quête beaucoup plus personnelle et individualiste bien qu’humaniste malgré tout. Troisième partie À mon retour de l'autre bout du monde, j'ai entrepris de relever un nouveau défi et décidé qu'il était temps de retourner grandir parmi et avec mes semblables. Je me suis alors inscrite au Bacc en Arts visuels (arts plastiques) à l'Université du Québec de Trois-Rivières, car celle-ci offrait dans son programme des cours de verre soufflé. Tout en continuant à travailler le métal mon matériel de prédilection, je me suis donc mise au soufflage de verre, une toute nouvelle révélation pour moi. Ces quatre années m'ont permis de mettre mes certitudes à l'épreuve et de sortir de ma zone de confort pour aller au-delà de ce que j'avais fait avant. Jamais je n'aurais pu croire qu'une matière comme le verre puisse transformer à sa manière mon rapport à l'art et comment j'appréhenderais ensuite la création. Le destin étant avec moi, l'opportunité c'est présenté d'être engagé dans un atelier de verre de la région. C'est alors que j'ai commencé à faire de la joaillerie en verre boroscilicate au chalumeau. Puis avec le temps nous avons construit nous-mêmes un atelier de verre souffler traditionnel dont je suis maintenant responsable et qui me donne par le fait même la chance d'amalgamer le métal et le verre dans mes sculptures. Depuis cinq ans, j'habite en nature, en face d'une magnifique rivière et entourée de beauté. J'ai enfin réalisé mon rêve d'avoir mon propre atelier de soudure à la maison. Toute équipée et deux ateliers à ma disposition je suis enfin en mesure de réaliser l'infini des possibles! Et puis comme tout changement en amène un autre, me voilà depuis deux ans en pleine découverte d'autres facettes de ma personnalité par le biais de ma peinture. Une peinture abstraite, sensible, intuitive et gestuelle qui me permet plus de spontanéité et de m'exprimer au travers des couleurs, formes et textures. Alors puisqu'on dit jamais deux sans trois, me voilà artiste complète déambulant entre mes trois ateliers et cherchant la justesse de l'expression de mes sentiments du moment. Par le biais de ce chemin de communication qu'est mon nouveau site internet, j'espère m'ouvrir au monde, permettre la rencontre de nos univers et faire vivre l'émotion au-delà des limites physiques. L'artiste ne peut continuer d'exister en ne recueillant jamais l'approbation pour l'expression de ses ressentis, un certain retour du balancier qui donne un sens à son existence